« On me demande souvent de calculer combien de fois j’ai déjà pris l’ascenseur, mais moi je refuse, car j’ai peur que le chiffre soit trop grand. J’ai toujours eu peur des grands chiffres, c’est comme si je n’arrivais pas à les voir. Le un et le deux se voient bien, et même le vingt, mais jamais je ne pourrais m’imaginer un million comme salaire. En brut ou en net, ça, c’est de toute façon égal, car je ne comprends pas en quoi c’est brut et en quoi c’est net. Je crois que c’est une invention dans le genre des vampires. »
Voici douze monologues d’hommes et de femmes, anti-héros du quotidien, invités à raconter leur vie en une dizaine de minutes. Le temps est court, que dire ? Souvent, ils mentionnent d’abord un événement ou un fait banal qui vient d’arriver, ou ils essaient très simplement de se décrire. Petit à petit, ils s’élancent dans une langue parlée plutôt gauche et nous devenons les témoins d’une vie qui, sur fond de tragédie, conserve toujours un petit espoir, un petit mieux qui n’appartiendra qu’à eux.
Szilárd Podmaniczky est né en 1963 et vit en Hongrie. Auteur multiple et insaisissable, il écrit des nouvelles, des romans, des pièces de théâtre, des scénarios, des livres pour enfants. Il a reçu le prix du livre de l’année en 1999 et le prix Attila József en 2008.
Territoire gardé par un chien crevé est son premier livre traduit en français et le début d’une belle aventure éditoriale.
Au cœur d’un pays en crise, financière et morale, Podmaniczky propose un regard divergent mais complémentaire à celui de sa compatriote Ágota Kristóf. L’humour y est absurde, omniprésent, et peut-être plus dénonciateur qu’il n’y paraît. Ce territoire est la métaphore du monde où nos héros vivent et réussissent. Un monde où il est impossible de faire la différence entre la réalité tragique et l’illusion comique.
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