Portrait en bateau

 

Dans un vieux château d’une ville à l’est de la Hongrie, où d’habitude jamais rien ne se passe, un festival de littérature humoristique est organisé depuis plus de dix ans. Chaque été, dix écrivains sont invités à s’y produire afin de dérider par la littérature les cinq cents spectateurs. Or il y a en Hongrie une grande quantité d’écrivains : on peut en compter un par kilomètre carré. C’est pourquoi le festival se doit d’inviter chaque année de nouveaux écrivains, à l’exception d’un seul dont l’humour est irremplaçable et sur lequel le festival compte chaque année : Szilárd Podmaniczky.

Il peut décrire les drames les plus terribles d’une façon douce. Son désir le plus ardent semble être de vouloir distraire son public, ses lecteurs ainsi que lui-même. Pourquoi sinon passerait-il tant de temps à écrire ? Il écrit dans toutes sortes de catégories littéraires différentes. Le public aime ses nouvelles. Plusieurs films hongrois ont été écrits à partir de ses scénarios. Il écrit des essais, des histoires pour enfants. Récemment il a écrit une pièce burlesque sur la famille d’Einstein qu’on joue à Budapest à guichet fermé. Cet auteur né en 1953 a publié une vingtaine de livres dont  La Fiancée hydraulique, Le léopard qui salue des deux mains, Cloches en caoutchouc et Territoire gardé par un chien crevé, un recueil de nouvelles sous forme de monologues.

Il ne vit pas dans la capitale Budapest mais dans un village sur les rives du lac Balaton avec sa femme. C’est de là qu’ils dirigent une maison d’édition de littérature contemporaine qui édite deux ou trois livres par an, surtout des jeunes talents. Il adore son jardin, nager, pêcher et cuisiner. L’année prochaine d’ailleurs, il éditera un livre de cuisine qui comprendra de somptueuses photos de ses plats préférés.

Autrefois, ses modèles étaient Beckett et Thomas Bernhard, aujourd’hui il a un style propre. En Hongrie, il est connu pour ses micro-histoires, qu’il a baptisées nano-prose. Il a publié un dictionnaire de 700 pages, dans lequel il décrit 5000 nano-histoires dans l’ordre alphabétique. Il publie chaque semaine dans les deux revues littéraires les plus importantes de Hongrie (Szép Szó et Elet és Irodalom) et en fait, à part quelques années où il a été professeur de physique, il n’a fait qu’écrire et écrire toute sa vie.

Un jour, quand il a fallu remplacer un tuyau sur le toit de sa maison, debout sur son échelle, il a formulé ainsi sa philosophie de vie : « La vie s’achève quand il n’est plus possible qu’il t’arrive quelque chose ».
Faisons donc tout pour que ça arrive !

 

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