Eloge de la maladresse au Marni

logolesoir Catherine Makereel – 24/04/2013
MAD « le spectacle de la semaine »

 

Ces derniers temps, Pierre Sartenaer fait un come-back remarqué.
On le retrouve dans un drôle
de projet: « Territoire gardé par un chien crevé » de Szilàrd Podmaniczky.

Depuis It’s my life and I do what I want la saison dernière aux Tanneurs, on sait qu’il convient de se méfier de Pierre Sartenaer. Lui qui, avec Guy Dermul, avait monté un sublime canular, nous emmenant sur les traces d’un génie méconnu du XXe siècle. En un panorama drôle et érudit de la culture en Europe, les deux artistes nous trompaient avec brio. Cette fois-ci, on compte bien ne pas se laisser berner par l’artiste, également couronné par les Prix de la Critique 2012 pour son rôle dans La Estupidez de Rafael Spregelburd, un projet de Transquinquennal.
Quand on lui demande s’il ne s’agit pas d’un autre canular, si le Hongrois Szilàrd Podmaniczky, auteur de Territoire gardé par un chien crevé, existe bien, l’espiègle nous répond que, personnellement, il ne l’a jamais vu, mais qu’Andrea Bardos, porteuse du projet, l’a rencontré et qu’il sera même présent, le 4 mai,
pour une rencontre avec le public. Nous voilà rassurés. Inconnu chez nous, Szilàrd Podmaniczky aurait même acquis une certaine réputation avec un humour parfois noir, parfois absurde. Traduisant un recueil de ses nouvelles, Andrea Bardos s’est entouré de six autres comédiens, dont Pierre Sartenaer, pour proposer un spectacle de confessions d’hommes et de femmes, anti-héros dramatiquement maladroits.

Petit aperçu :
« Un homme qui sentait la conserve de haricots blancs, mais seulement de près, car de loin il dégageait plutôt une odeur de pin, cet homme m’a dit que j’étais le sens de sa vie et il a mis ses mains sous mon pull. Tous les jours se sont déroulés comme ça, sauf le mercredi où j’ai eu la diarrhée car le cuistot avait mis de la crème aigre dans la soupe à la place du citron. »
Voilà qui donne le ton de ces personnages un peu gauches dans leur compréhension du monde. « La nourriture est très présente, confie le comédien. Mais aussi le sexe, le couple, les relations avec les autres. Ce sont des personnages qui n’ont pas l’habitude de prendre la parole mais qu’un petit dérèglement dans leur vie amène à s’interroger, presque à leur insu, sur leur propre existence. Ils n’ont pas de désir de bouleverser le monde, ils n’ont même pas de vision du monde. »

Une écriture d’une banalité rocambolesque
Un style d’écriture qui devrait coller à merveille à ce rejeton de Transquinquennal, habitué à travailler sur une non-théâtralité nonchalante. « C’est vrai que je viens de cette veine-là, mais les autres artistes du projet, à commencer par Andréa Bardos, ont des parcours différents. Ils ont beaucoup travaillé avec l’Ensemble Leporello notamment. Mais ce qui réunit notre espèce de collectif temporaire, c’est le fond de la pièce, et le désir de laisser opérer le texte, et le rapport qui s’installera entre le public et nous, le tout dans une certaine épure. » Tout est parti d’un travail officieux présenté aux anciennes soirées composites de la Bellone. « Ça s’est bien passé et certaines personnes nous ont encouragé à poursuivre l’aventure. » D’une demi-heure, la pièce est passée à une heure vingt environ, s’étoffant d’artistes comme Brigitte Dedry, Charlotte Deschamps, Eric Drabs, Bernard Eylenbosch, ou encore Vital Schraenen.
« Comme il s’agit de confidences, nous voulions un comédien par personnage. » Au total, une belle troupe pour porter une écriture d’une banalité rocambolesque. Petite dernière mise en bouche : Mes jambes se mirent à trembler comme un canard dans un plat de nouilles. Savoureux !

Source : http://www.lesoir.be/231420/article/culture/scenes/2013-04-24/eloge-maladresse-au-marni

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